Des tâches rouge sang au fond de la classe II

Publié le

Le lendemain...

Apprendre que le directeur a effectivement souligné mon incompétence par rapport aux évènements devant parents et profs. Avant d'aller mettre quelques points sur les "i", prendre conseil auprès des sages, alias ceux qui le connaissent, ont été témoins. Ces derniers m'ont défendu, eux aussi comme moi, ce serait fait avoir.

A aucun moment, le directeur ne m'a demandé quoi que ce soit.

Après-midi, faire cours. Puis, le surveillant vient en plein cours " le directeur veut te voir tout de suite." Sourire amusé et zen, je me rends à l'administration, croise un des sages. Les secrétaires me font des signes évoquant une explosion de nerfs du directeur. Plus tard, j'apprendrai que ce dernier a tremblé parce que " vous vous rendez compte un militaire/ elle n'a rien fait", les secrétaires lui ont objecté que j'étais là à 100%. A moi, il ne me dira rien...

Dans la salle, en face de moi; le père en parfait militaire, cahier manuscrit devant lui, la femme effacée, suspendue à lui, et Cédric. A côté de moi, le principal-adjoint et une des sages. Puis le directeur.

Le père attaque sur le mode lisons-le-procès-verbal " donc l'autre élève s'est levé."
- C'est faux. C. a commencé à distraire T. puis il a eu des paroles discriminatoires qui ont provoqué cette situation violente
- (le père) T. s'est levé ( sous-entendu, vous gérez si mal votre e que les élèves se lèvent sans autorisation.
- (m'adressant à C. ) Tu étais derrière
- (C.) Oui, (regardant son père) et j'ai pris sa trousse plusieurs fois (il mime la scène).
Le père laisse tomber l'attaque sur T.

La veille, quand je l'ai eu au téléphone, le principal-adjoint a lu mon rapport qui se terminait par une phrase plus qu'explicite, où j'établissais un lien entre le mal-être de son fils et l'agressivité qui avait pour chaque élève une raison différente de s'exprimer. J'essayais d'imaginer le père, avec les bruits derrière du commissariat, se voyant mis à jour en quelques mots. Pas de sentiment de victoire, ni de préméditation, non mais d'avoir tracé un uppercut de mots sans emballage, d'avoir été trop directe.

La question est comment sanctionner le geste de C. , sans le miner pour l'orientation.

Parler à C., lui dire que son coup de fugue hier avec une réponse. qu'il croit, à la suite, sinon il serait parti bien plus loin. Lui dire droit dans les yeux que les mots d'hier, T; les entend depuis toujours, que ces mots pour de rire ont fait aussi mal que des poings, que la violence de T; l'a sûrement surpris mais elle faisait écho à la sienne, les origines sont différentes mais le nerf de la violence est de mise...

Son prof. principal arrive après, inutile, ne l'aidant aucunement, litanie de "c'est dommage"....

Au final, C; est exclu une semaine, doit mettre à jour ses affaires scolaires, le père prendra rendez-vous avec la cellule d'écoute....

Au final, le directeur a énoncé la mesure, a été cherché le formulaire. Lui ai coupé l'herbe sous le pied, sans le vouloir, lui qui refuse les conseils de disciplines, a dû assister à un conseil de discipline décidé par les circonstances et mon souhait impérieux de ne pas laisser passer, ni s'accumuler.

Sourire un peu malaisé en dedans..Faudrait que j'apprenne à ne pas oublier le père, la mère...A ne pas parler droit dans les yeux aux élèves quand il faut sauver ce qu'il y a à sauver. Pourquoi? parce que je réagis par rapport à mon histoire, parce que je sais que chez ces gamins, ça peut donner "j'y ai cru parce que vous y croyez", que l'injustice me rend précise et intransigeante....
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article